http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20080526_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4730893.pdf?journee=PDF_20080526_LEC
INVESTISSEURS INDIVIDUELS:Le meilleur guide de l’investisseur reste sans doute lui-même.
Pour placer son argent et choisir ses fonds de placements, le particulier peut se tourner vers son agence, un conseiller
indépendant, la presse ou encore aller tenter sa chance dans les « supermarchés » financiers sur Internet.
Des conseils de valeur inégale et parfois biaisés.
Les bonnes étoiles de l’investisseur particulier
Choisirlefondsleplusadapté
àses besoins,à sonprofil de risque et à ses objectifs.
Pour cela, un particulier peut
prendre conseil auprès de son
agence, de conseillers indépendants,
de la presse (lire plus haut
« L’influence des médias sur les
souscriptionsdans les fonds »).Autant
de sources d’informations de
valeur inégale et soumises à des
travers qui peuvent pénaliser l’investisseur.
Son premier et meilleur
guide reste sans doute lui-même.
l La sophistication et le QI
de l’investisseur individuel
Lesplus avertisdes particuliers sont
plus sensibles que les autres au niveau
des droits d’entrée prélevés
par les fonds et en évaluentmieux
les perspectives de rendementrisque,
selon une étude. Ils sont
moinssujetsautraversquiconsisteà
extrapoler mécaniquement les performances
passées des fonds pour
en évaluer l’intérêt. De meilleures
connaissances financières conduisent
les individus à privilégier,mais
trèsmodestement, les gestions dites
« passives », peu chères, qui se
contentent de répliquer fidèlement
l’évolution d’un indice boursier.On
aurait pu attendre un effet plus
marqué. C’est l’un des enseignements
de la théorie financière : les
gestions dites « actives » parviennent
assez difficilement àcréerdela
valeur à long terme et, pour un
investisseur au fait de ces questions,
la solution qui s’impose est dès lors
celle de recourir aux gestions passives.
C’est peu le cas chez les particuliers
car les plus sophistiqués
d’entre eux sont aussi ceux qui sont
les plus confiants en leurs propres
capacités. Une confiance qui les
amèneàpenserque,mêmesipeude
fondsactifsparviennent àêtredurablement
performants, ils seront,
eux, capables de les trouver et d’y
investir grâce à leur faculté à sélectionner
les meilleurs. L’amélioration
de la culture financière présente
donc des avantages mais elle
comporteaussi des risques.Celui de
verserdansuneconfianceexcessive,
par exemple.Deschercheurs finlandais
sont même allés plus loin que
leurshomologuesallemandsenévaluant
l’impact du quotient intellectuel(
QI)del’investisseurparticulier
sur ses choix d’investissement. Les
individus auxQI les plus élevés ne
choisissentpas pourautant lesfonds
dont les frais sont les plusmodestes.
Ilsévitenttoutefoislesfonds diversifiés,
vendus dans les réseaux bancaires
du pays et dont le niveau de
commission, notoirement très
élevé, résulte d’un travail d’allocation
d’actifs. Les individus au QI
élevé sont sans doute plus à même
d’évaluer si le prix pour ce travail
d’allocation est justifié ou pas.
l Les conseillers eninvestissement
Pour beaucoup, prendre conseil est
une nécessité. Les grandes banques
offrent ce service gratuitement au
grand public mais pour quelle valeur
réelle ? Des chercheurs ont
ainsi évalué la qualité des conseils
en investissement des chargés de
clientèle d’une grande banque allemande.
Leurs conclusions ? Les
conseillers tendent à promouvoir et
à vendre de manière excessive des
fonds investis en actions, notamment
àdes particulierspourtantpeu
désireux de prendre des risques…
De par leur système de rémunération,
les conseillers sont incités à
vendre les produits qui offrent les
marges les plus importantes,
commelesactions.Ilssous-estiment
systématiquement l’aversion au
risque de leurs clients ou font mine
de le faire. Ce travers est toutefois
moins net chez les plus expérimentés
des conseillers, qui tendent à
dispenser des recommandations de
placement plus conservatrices et
plus prudentes.Mieux cerner l’attitude
de leurs clients face aux
risques, mieux évaluer leurs préférences
constituent des enjeux pour
beaucoup d’acteurs. Encore faudrait-
il qu’ils y mettent les moyens
(formation du « réseau »…).
Les conseillers en gestion de patrimoine
indépendants (CGP), qui
s’adressent à des clientèles plus aisées,
ne sont pas non plus exempts
de certains travers. Toujours outre-
Rhin, une étude conclut à une
grande hétérogénéitédans la valeur
des conseils qu’ils prodiguent, notamment
en matière d’allocation
d’actifs. Pour un client, il est d’ailleurs
très difficile d’évaluer et de
comparer la performance de son
portefeuille car les informations sur
les mandats privés ne sont pas publiques.
De même, les conseillers
indépendants sous-estiment systématiquement
la volatilité des marchés
et des actifs, ce qui a des
conséquences sur leurs conseils et
sur leurs analyses. Un investisseur
souhaitant se faire une idée de la
qualité et de l’impartialité de son
conseiller en gestion de patrimoine
indépendant ne devra pas se focaliser
sur l’expériencede cedernierou
encore sur son niveau d’éducation.
Il devra plutôt se concentrer sur les
modalités de son système de rémunération
(niveau et système des rétrocessions…).
Pour l’investisseur,
la transparence est bénéfique.
l Le menu et « l’effet catalogue »
Dans lesystèmederetraitesuédois,
les individus doivent allouer leur
argent sur un ensemble de fonds
figurant dans un catalogue de près
de 500 produits.On constate que si,
pour une raison ou pour une autre,
uncertaintypedegestionestdavantage
représentéausein dece catalogue,
alors la demande des investisseurs
pour cette expertise va s’en
trouver stimulée. Exemple. Si un
nouveaufonds, tel leproduitHSBC
spécialisé sur les valeurs de croissance
(style « growth ») fait son apparition
dans le catalogue, alors la
demandepourl’ensembledesfonds
« growth » qui figurent d’ores et
déjà au menu va augmenter au
détriment des autres styles. La raison
? En voyant le style « growth »
davantage représenté dans lemenu
des produits disponibles, les particuliers
y décèleront un signe de
qualitéetdeperformance. Ils seront
donc incités à y investir. Cela les
rassure aussi. L’offre de nouveaux
fonds crée ainsi sa propredemande.
C’est un peu comme si, au restaurant,
l’appétit des clients pour un
plat donné était favorisé par son
importancedans lemenu.Mais, àse
laisser guider de la sorte, les clients
investisseurs ne risquent-ils pas l’indigestion
?Effectivement, les particuliers
qui se laissent influencer
ainsi choisissent des fonds peu performants.
Ce sont d’ailleurs les investisseurs
les moins sophistiqués
qui sont les plus sensibles à cet
« effet menu ». Autre enseignement
de ces travaux, la position des
fonds ausein ducatalogue ainsi que
leur ordre d’apparition ont également
un effet sur la décision d’y
investir.Quellesque soient les catégories
de produits, ce sont les fonds
qui figurent au début dumenu − et,
dans unemoindremesure, à la fin −
qui retiennent le plus l’attention des
investisseurs. Un peu comme les
« têtes de gondole » dans la grande
distribution. Les produits noyés au
milieu du catalogue ont plus de
difficultés à rester visibles et à se
distinguer. Dans les supermarchés
de sicav sur Internet, les bonnes
places sont chères. A juste titre.
NESSIM AÏT-KACIMI
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