samedi 24 mai 2008

Poussée inquiétante des défauts de paiement des entreprises.

http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20080523_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4730684.pdf?journee=PDF_20080523_LEC

Poussée inquiétante des défauts de paiement des entreprises.

Selon l’assureur-créditCoface, les incidents de paiement des entreprises ont augmentéde 45% au cours des quatre premiers mois de l’année. Signe, assure-t-il,que la crise financière se répercute maintenant sur de nombreux secteurs d’activité.

Le sursaut de croissance enregistré au premier trimestre par l ’Insee
(+ 0,6%) a peut-être donné de
faux espoirs au gouvernement,
comme aux milieux économiques.
Coface a en effet annoncé hier une
« nettedégradation » de la situation
financière des entreprises sur les
quatrepremiersmois de 2008, avec
une hausse des incidents de paiement
de 45% par rapport à la
même période de l’an dernier. Le
directeur général de l’assureur-crédit,
JérômeCazes, ne prend pas de
pincettes : « La cinquième crise de
crédit depuis le premier choc pétrolier
est commencée, affirme-t-il,
même si ceci est largement passé
inaperçu en France », notre pays
étant « encore très peu affecté » par
une situation qui a d’abord frappé
l’Amérique.
Coface fonde son analyse sur les
incidents de paiement déclarés par
ses assurés dans les 65 pays où ils
sont présents. Un indice «clair »,
selon elle, « du début d’une crise ».
Reste que cet indicateur « surréagit
classiquement » au démarrage
d’une crise et que Coface ne s’attend
pas à un phénomène aussi
importantqueceuxde2001et2002,
années au cours desquelles les problèmesdepaiementdesentreprises
avaientaccuséunehausse de 30 %.
Vulnérabilité grandissante
Cesdonnées confirmententout cas
la contagion de la crise financière
née de l’affaire des « subprimes »
aux Etats-Unis, à la faveur d’une
baisse de la demande américaine à
partir de la fin de l’été, puis d’un
durcissement de l’accès au crédit
bancaire ensuite. «A ces facteurs
s’ajoutent la hausse des prix des
matières premières et de l’énergie,
l’appréciation des devises hors zone
dollar etune très vive concurrence »,
souligne Coface.
Résultat, l’assureur-crédit, filiale
de Natixis, pointe la vulnérabilité
grandissante de plusieurs secteurs
d’activité. Pour les entreprises présentes
en Amérique du Nord : la
grande distribution, l’habillement,
l’automobile, la construction, le
transport aérien et l’électronique.
En Europe de l’Ouest, même si la
France et l’Allemagne sont « à ce
stade encore très peu touchées »,
Coface dégrade la notation de l’industrie
papetière et de la construction.
Al’inverse,certainesbranches
résistent,grâce,enparticulier,àleur
présence dans les pays émergents.
Parmi elles : la sidérurgie, la chimie,
la mécanique et la pharmacie.
Accélération des faillites
Ces signaux d’alerte viennent corroborer
ceux d’EulerHermes.Débutmai,
le premier assureur-crédit
mondial faisait état, lui aussi, d’un
regain de sinistralité dans les entreprises
depuis l’été dernier, notamment
dans la construction. En Europe,
l’Espagne est particulièrement
touchée,avecunehausse
des défaillances de 60%en un an,
au premier chef dans le BTP. En
France, l’accélération des faillites
est également très nette, après une
hausse d’environ 2,7% l’an dernier.
Au premier trimestre 2008,
expliquait cette semaine Michel
Mollard,présidentdudirectoirede
la filiale française Euler Hermes
SFAC, ce sont leBTPet l’immobilier
qui en ont fait les frais,mais pas
seulement. Pour la première fois,
les secteurs liés à laconsommation
donnent à leur tour des signes de
faiblesse, confirmant le coup de
frein des dépenses desménages en
produitsmanufacturés constaté en
mars par l’Insee (− 1,7%).
GUILLAUME DELACROIX

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