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Les émissions du secteur maritime sous-estimées
Contestés par l'ONG Transport & environnement, les chiffres de l'organisation maritime internationale (OMI) concernant les émissions de CO2 des navires sont soupçonnées d'être « grandement sous-estimés », par une société néerlandaise d'équipement naval, DK Group Netherlands.
Aux Pays-Bas, DK Group Netherlands, entreprise spécialisée dans l’efficacité énergétique des navires, se montre particulièrement attentive aux chiffres et réglementations provenant des organismes officiels. Or, il semblerait que les prévisions émises par l’organisation maritime internationale (OMI) en la matière soient bien en deçà de la réalité. L'OMI elle-même a dû revoir ses prévisions entre les chiffres qu'elle avait annoncés lors du Marine Environment Protection Commitee (MEPC) en juillet 2007 et ceux qu'elle fait paraître quelques mois plus tard, en décembre, dans le rapport qu'elle publie. La consommation actuelle de carburant est alors estimée à 369 millions de tonnes et l'OMI relève une production de CO2 de l'ordre de 1120 milliards de tonnes, soit 3,5% de la production mondiale. Pour 2020, elle prévoit que l'augmentation du trafic maritime devrait provoquer une consommation de 117 millions de tonnes de carburant supplémentaire et une augmentation de 30% de la production de CO2, qui s'élèverait alors à 1,475 milliards de tonnes. Or, ces pronostics ne satisfont pas le groupe néerlandais : « Nous pensons que l’OMI est en train de grandement sous-estimer la croissance du secteur des transports maritimes, » a déclaré Christian Eyde Møller, le Chef de la direction Cellulaire de DK. Il prévoit pour sa part une production de plus de 2 milliards de tonnes de gaz carbonique en 2020. Il estime que les chiffres avancés par l'OMI devraient être atteints dès 2012 si l'on considère les carnets de commandes de nouveaux navires pour 2008 et 2009. Et met en cause la politique frileuse de l'OMI en matière de régulation de la pollution engendrée par le trafic maritime.
« Les organismes de régulations doivent avoir le courage de défier l’industrie pour qu’elle apporte des améliorations en matière d'efficacité énergétique et d’émissions, » a-t-il déclaré, en réclamant l'application de mesures contraignantes sur les navires, qu'on pourrait équiper de systèmes réduisant leur consommation de carburant -comme ceux qu'il propose...-.
Le transport maritime, qui représente 90 % du transport mondial avec une flotte de 60 000 navires, échappe encore à une réglementation mondiale en matière d'émission de CO2. Position de plus en plus remise en cause, par l'Union Européenne (voir article lié) et par certaines ONG, qui dénoncent également la mollesse de l'OMI en la matière. Ainsi, João Vieira, de Transport & environnement avait déjà fustigé l'attitude timorée de l'OMI en octobre 2007 : «Après l’adoption du protocole de Kyoto en 1997, l’OMI s’était engagée à adopter une réglementation pour réduire les émissions de GES. Dix ans ont passé, et rien n’a été fait», avait-il alors lancé.
Vers une réduction du taux de soufre présent dans les carburants
Si les choses semblent péniblement avancer en matière de réduction de CO2, un pas semble cependant avoir été fait, ce mois-ci, sur les émissions de soufre. Les Etats qui se sont réunis début avril au sein de l'OMI se sont en effet mis d'accord pour baisser leur taux de jusqu' à 0,5% d'ici 2020, alors qu'il peut atteindre jusqu'à 4,5% actuellement. L'OMI prévoit donc de réviser l'annexe Marpol VI qui réglemente ce type de pollution, mais décision doit toutefois faire l'objet d'un vote au sein de l'organisation, en novembre 2008.
Une mesure jugée encore insuffisante par l'ONG Transport & environnement, qui pointe le caractère particulièrement nocif du carburant utilisé par les navires : « ce type de carburants sera toujours 500 fois plus polluant que les carburants automobiles», a ainsi déclaré João Vieira. Le Bureau européen de l’environnement (BEE) demande pour sa part à l’UE que toutes ses mers soient classées «Seca», c’est à dire en zone spéciale de contrôle des émissions. Pour l’heure, cette pollution demeure sous-estimée. Une étude commandée par les Amis de la terre et l'ONG américaine Clean air task à une équipe de chercheurs américains et allemands révèle en effet que « les émissions de particules émises par le secteur maritime sont responsables d’approximativement 60 000 morts par an, provenant de problèmes cardio-pulmonaires et de cancers du poumon» . L'Europe, l'Asie de l'Est et l'Asie du Sud seraient les régions les plus exposées.
Sandrine Dumont à Rotterdam (Pays-Bas)
Mis en ligne le : 10/06/2008
samedi 14 juin 2008
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