mardi 22 avril 2008

Instaurer des quotas de seniors constituerait une grave erreur »

http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20080422_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4718150.pdf?journee=PDF_20080422_LEC

Instaurer des quotas de seniors constituerait une grave erreur »

Laurence Parisot, présidente du
Medef, estreçueaujourd’huiparle
ministre du Travail, Xavier Bertrand,
qui présentera en début de
semaine prochaine les grandes
orientations de sa réforme des retraites.
En charge de ce dossier au
Medef, Jean-René Buisson réagit
vivement au projet de sanctions
financières pour les entreprises
n’employant pas un minimum de
seniors (« LesEchos »du14 avril).
LeMedef a décidé de revenir à la
Caisse nationale d’assurancevieillesse.
Pourquoi ce retour,
alors que la gouvernance de cette
branche n’a pas évolué comme
vous le réclamiez ?
Nous songions à réintégrer l’assurance-
vieillesse depuis un an. La
raison principale est qu’il y a et
qu’il devra y avoir de plus en plus
de cohérence entre le régime général
et les régimes complémentaires
(Arrco, Agirc), que nous
n’avons jamais quittés. Il serait
souhaitable que des études soient
lancéesdèsmaintenant pourenvisager,
à terme, unrapprochement
des régimes.Unrégime uniquede
retraite par points serait sans
doute plus moderne, plus facile à
piloter. La gouvernance de la
CNAV n’a pas changé,mais nous
y avons toute notre place. Nous
voulonsêtreuneforcedepropositions.
Vous êtes revenusàlaCNAMetà
l’Acoss, il ne reste plus que la
Caisse nationale des allocations
familiales…
Nous souhaitons que les cotisations
famille soient transférées à
la solidarité nationale. Dans ces
conditions, la question de notre
retour à la CNAF ne se pose pas.
Legouvernement souhaite que les
partenaires sociaux réduisent les
cotisations Unedic dès 2009, afin
de relever les cotisations retraite.
Pourquoi le Medef bloque-t-il ?
Nous ne sommes pas favorables à
un tel transfert, alors que l’on est
encore loin du plein-emploi. Que
se passera-t-il si le chômage remonte
? On ne reviendra pas sur
la hausse des cotisations retraite,
et les prélèvements sociaux des
entreprises seront plus élevés !
L’Unedic est un système bien
géré, qui doit payer ses dettes et
faire des provisions pour l’avenir.
La loi Fillon de 2003 ne prévoyait
en aucun cas un tel transfert. Le
sujet était simplementmentionné
dans l’exposé des motifs. Augmenter
la cotisation vieillesse serait
une solution de facilité, qui ne
réglerait en rien les problèmes de
long terme.
Le gouvernement évoque un système
de bonus-malus pour développer
l’emploi des 55-64 ans.
Que pensez-vous du projet
d’amende pour les entreprises
n’employant pas assez de seniors
?
Instaurer des quotas constituerait
une grave erreur. Un système de
bonus-malus basé sur le taux
d’emploi des seniors dans les entreprises
serait par définitionarbitraire
et injuste : les entreprises
qui sont déjà performantes en ce
domaine auraient droit à des bonus
quand, par exemple, une
start-up embauchant massivement,
mais n’ayant pas de salarié
de plus de 55 ans, serait pénalisée.
Nous connaissons déjà ce genre
de système administré : rappelezvous
la contribution Delalande.
Ça ne marche pas. Arrêtons de
sanctionner, le Medef est prêt à
s’impliquer et à prendre des engagements
forts.
Que proposez-vous ?
Les entreprises sont d’accord, aujourd’hui,
pour renoncer aux
plans massifs de départs de salariés
âgés. Il y a eu, pendant longtemps,
un consensus national
(Etat, entreprises, syndicats, salariés)
sur ce sujet. Ce n’est plus
acceptable.Mais pour changer les
comportements, il faut agir sur
tous les tableaux à la fois.
D’abord, il faut annoncer que l’on
varelever l’âge légalde la retraite,
comme l’ont fait tous les pays
européens. Dans ce cas-là, toutes
les études le montrent : mécaniquement,
les salariés restent plus
longtemps dans les entreprises.
En même temps, car c’est une
question de cohérence, nous devons
aménager les fins de carrière
et prendre en compte la pénibilité
des métiers. Mais c’est justement
enmettant fin à la retraite à 60 ans
que l’on pourra financer de telles
mesures. Nous attendons les
chiffres officiels, mais il semble
que le passage à 61 ans réduirait
considérablement le déficit du régime
général.
Quelles sont les autres préconisations
duMedef dans cette concertation
?
Il faut supprimer la dispense de
recherche d’emploi des plus de
57 ans et demi, qui incite à ne pas
rechercher du travail. Il faut assouplir
le cumul emploi-retraite
en supprimant tout plafond de
revenu et tout délai de reprise
d’emploi avec le même employeur.
Il faut aussi arrêter de
diminuer la décote :le tauxnedoit
pas baisser jusqu’à 5%par année
manquante, mais rester à 7,5 %.
Enfin, il faut prévoirunindicateur
des seniors dans le bilansocialdes
entreprises.
Les actifs et les ressources du
Fondsde réservedesretraites suscitent
les convoitises…
Le FRR concourt à financer les
retraites sur le long terme. Le
ponctionner serait une solution
dramatique, surtout si on ne
bouge pas l’âge de la retraite.
PROPOS RECUEILLIS PAR
GUILLAUME DELACROIX
ET ÉTIENNE LEFEBVRE

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