mercredi 23 avril 2008

Les opérateursmobiles veulent faire communiquer les objets

http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20080423_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4718324.pdf?journee=PDF_20080423_LEC

Les opérateurs mobiles veulent faire communiquer les objets

Les services « machine to machine » constitueront un important relais de croissance à l’horizon 2010.

Tout le monde connaît Vélib’, le système parisien de location de vélos en libreservice.
Mais rares sont ceux qui
savent qu’il repose sur la technologie
« machine to machine »
−«M to M» ou «M2M»−, un
type de dispositif fait d’objets
communicants, très prometteur
dans les services proposés par les
opérateurs télécoms.
Concrètement, la technologie
«M to M» permet à un serveur
central d’échanger des informations
à distance avec divers équipements
nomades (téléphones
mobiles, PDA…). Les réseaux
mobiles constituent évidemment
un atout puissant pour déployer
rapidement ces services, qu’il
s’agisse du GSM, de la 3G ou de
la 3G+, voire du Wi-Fi ou du
WiMax. Sans parler des technologies
de transmission sans fil à
très courte distance (Zigbee,
RFID, NFC), qui permettent
d’envisager de multiples usages.
Mais il reste tout de même un
sérieux verrou technique àdébloquer
: celui des cartes SIM.
« Celles utilisées dans les applications
existantes de “M to M” ne
sontpas interopérables, autrement
dit elles ne communiquent pas
d’un opérateur à l’autre.C’est évidemment
problématique pour déployer
de gros projets », estime
Stéphane Buonnano, senior manager
chez Logica Management
Consulting. Un problème sur lequel
planche le Comité de standardisation
européen, mais qui
ne devrait pas connaître de solution
avant au moins un an.
Chaudière indiscrète
Une fois cette étape franchie, les
opérateurs voient dans les objets
communicants un nouvel eldorado,
comme ils l’ont révélé lors
du Salon M2M, qui se tenait
Porte de Versailles, à Paris, au
début du mois. A l’horizon 2011,
SFR Entreprises compte d’ailleurs
écouler 3 à 4 millions de
cartes SIM, et s’approprier 50%
du marché des services de télécommunications
pour objets
communicants. D’après l’Idate,
lemarché du «MtoM» pourrait
représenter jusqu’à 10% du revenu
des opérateurs de téléphonie
mobile en 2010.
Ces derniers testent depuis
deux ans les premières applications
avec des clients professionnels.
L’un des services les plus
anciens permet aux entreprises
de gérer àdistance leurs flottes de
véhicules. Pour cela, chacun de
ces véhicules est équipé d’un boîtier
de positionnement par satellite
(GPS) doté d’une carte SIM
intégrant un module de communication
GPRS. Autre application
largement adoptée, la télésurveillance
des locaux professionnels.
Une solution proposée
par Bouygues Telecom met
en oeuvre des boîtiers de détection
reliés aux réseaux GSM ou
GPRS, et permet d’accéder à distance
aux caméras.
Plus proche du grand public,
ELM Leblanc, filiale du groupe
Bosch, commercialise depuis décembre
une chaudière qui appelle
elle-même la maintenance
en cas de panne.Un boîtier communicant
− la plate-forme technologique
a été développée par
OrangeBusinessServices,quihéberge
aussi les données − envoie
automatiquement par SMS un bilan
régulier sur l’état de l’appareil
de chauffage. Car, désormais, les
opérateurs mobiles veulent
convertir le plus grand nombre
aux objets communicants. Premier
terrain de jeu, les transports,
notamment le secteur automobile,
pour lequel ils parient ainsi
sur des services de guidage.Avec
Coyote, un spécialiste des boîtiers
embarqués, SFR propose
aux automobilistes un système
d’information trafic comportant
des alertes destinées à signaler les
radars ou les limitations de vitesse.
Dans la même veine, SFR
et le fabricant de GPS TomTom
promettent pour 2009 un service
d’informations trafic actualisées,
appelé « HD Traffic TomTom ».
Et d’autres secteurs semblent
tout aussi prometteurs. Ainsi
Orange et Bouygues Telecom
testent-ils des services d’assistance
aux personnes atteintes de
la maladie d’Alzheimer. Dans le
cadre de son programme Colomba,
Orange commercialise
déjà depuis fin 2007 un bracelet
équipéd’un capteurGPSet d’une
carte SIM. « Il permet de géolocaliser
le patient, et de détecter s’il
sort d’une zone géographique
donnée. L’information est alors
signalée à une plate-forme sécurisée,
puis l’alerte est transmise à la
personne autorisée à en prendre
connaissance », précise Daniel
Nabet, directeur M2M chez
Orange Business Services. Bouygues
Telecom travaille pour sa
part sur unprojet similaireavec le
RéseauMémoireAloïs,unesolution
dédiée à cette même affection
neurologique.
Compteurs intelligents
Les services autour de la maison
− ceux que l’on regroupait jadis
dans le concept de domotique −,
avec des systèmes de télésurveillance
ou de gestion d’énergie,
constituent une autre perspective
à laquelle réfléchissent les opérateurs.
Ce sont alors les boîtiers de
connexion ADSL qui comporteraient
des fonctionnalités pour
objets communicants. « On
pourra y greffer des fonctions de
contrôle de la consommation
d’énergie ou des services d’assistance
pour personnes âgées », anticipe
Stéphane Buonnano.
Par ailleurs, EDF proposera
des téléservices grâce à sa prochaine
génération de compteurs,
puisque lemillion d’appareils qui
sera installé devrait comporter
cette fonctionde télécommunication.
On ne sait pas encore quelle
technologie sera finalement retenue
par le fournisseur d’énergie,
mais les opérateurs mobiles font
évidemment partie du consortium
créé pour l’occasion. Ces
futurs compteurs permettront de
réaliser des relevés à distance ; ils
offriront même des fonctions de
téléassistance.
Mais, enmatière d’objets communicants,
il existe des applications
plus ludiques. Ainsi, Bouygues
Telecom va-t-il lancer en
mai une nouvelle version de son
cadrephoto numérique. Il sera en
mesure de recevoir et d’afficher
directement les photos envoyées
par messages courts multimédias
(MMS) depuis un téléphone mobile.
« Il recevra également de
nouveaux contenus comme lamétéo
ou l’info trafic. Et sera peutêtre
capable, un jour, de communiquer
avec les autres objets de la
maison », précise Franck Moine,
directeur de la division entreprise
M2M de Bouygues Telecom.
L’incertitude demeure en revanche
sur le modèle économique
à adopter. Aujourd’hui,
les opérateurs mobiles nouent
des accords avec leurs clients et
partenaires pour proposer ces
nouveaux services au grand public.
Mais ils pourraient bien les
vendre un jour eux-mêmes à travers
des abonnements.
CAPUCINE COUSIN
TÉLÉCOMS

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