http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20080522_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4729605.pdf?journee=PDF_20080522_LEC
La Nasa à la conquête des pôles martiens
La sondemartienne Phoenix doit atterrir dimanche prochain sur le pôle nord de la planète rouge. Elle analysera, notamment, la glace présente.
a Nasa va-t-elle réussir à
Lexorciser dimanche pro- chain de vieux démons ?
La sonde d’exploration Phoenix
tentera de se poser pour la première
fois au pôle nord de la
planète Mars. Histoire d’effacer
l’échec de Mars Polar Lander en
1999, disparu lors de son approche
du pôle sud. La Nasa fut
traumatisée par ce naufrage, précédé
quelques mois auparavant
par l’écrasementdela sondeMars
Climate Orbiter. A tel point que
l’agence décida d’ajourner le lancement
de Phoenix, prévu alors
en 2001, et dont la conception
reprenait celle de Mars Climate
Orbiter. Sept ans plus tard, les
ingénieurs ontmodifié Phoenix et
la Nasa peut reprendre la
conquête des pôles martiens plus
en confiance. Car, entre-temps,
les Américains ont réussi deux
formidables missions sur le sol de
la planète rouge.Les robots Spirit
et Opportunity fonctionnent depuis
quatre ans au-delà de toutes
les prédictions. La Nasa a déjà
repoussé 5 fois la fin de la mission
même s’ils commencent à montrer
quelques signes de grippage.
L’atterrissage sur Mars reste
une opération très risquée. Seules
5 tentatives ont réussi sur la quinzaine
tentée par les Américains,
les Russes et les Européens.
« L’atmosphère de Mars est très
fine, elle offre peu de frottement
aux parachutes de freinage. Du
coup, les atterrisseurs doivent
amortir leur chute grâce à de gros
coussins d’air ou des rétrofusées »,
explique Francis Rocard, responsable
des programmes d’exploration
du système solaire au CNES.
C’est pourquoi les atterrisseurs
abordent Mars très tangentiellement
pour profiter au maximum
de l’effet de traînée.
Gros coup de frein
La sonde, partie l’an dernier de la
Terre, attaquera l’atmosphère
martienne à la vitesse de 5,7 km
par seconde. Elle connaîtra
d’abord un gros coup de frein
grâce à son bouclier thermique
puisdéploierarapidementson parachute.
Phoenix reviendra ensuite
aux fondamentauxdes atterrisseurs
Viking. La sonde ne
comptera pas sur des coussins
d’air de ses récents prédécesseurs
pour atténuer le contact du sol
mais sur 12 rétrofusées allumées
durant seulement 30 secondes.
C’est le moyen qu’a trouvé la
Nasa pour économiser du poids,
ce qui porte la part de la charge
utile scientifique à 55 kilogrammes
sur 680 kilogrammes au
total, un niveau inédit pour une
sonde martienne. La Nasa a
adopté cette technique pour tenir
son budget très serré de 420 millions
de dollars, Phoenix fait partiedes
programmes dits « scout »,
conçus à l’économie. Une partie
des instruments scientifiques récupère
ainsi les équipements
d’autres missions martiennes.
Les rétrofusées localisées sous
l’appareil rendent le freinage plus
risqué car plus instable. Le prochain
Rover Mars Science Laboratory
prévu en 2009 adoptera
une solution plus fiable avec des
rétrofusées pendulaires, donc
plus stables. Mais les ingénieurs
n’ont pas encore totalement résolu
la question de l’atterrissage
sur Mars : «Nos technologies ne
nous permettent d’atteindre que
30à 40%de lasurfacedeMars, les
zones les moins élevées en altitude
», rappelle Francis Rocard.
Vaste plaine
LaNasa arécemment arrêté l’aire
d’atterrissage de Phoenix en se
fiant aux clichés du vaisseauMars
Reconnaissance Orbiter. Large
de 100 kilomètres par 20 kilomètres,
elle se situe au niveau de
ce qui serait l’Alaska deMars.On
y trouve une vaste plaine plate
peu jonchée de rochers. Ces derniers
restent la hantise des chercheurs
du JPL, qui ont du coup
cartographié jusqu’à 5 millions
d’obstacles. « Nous n’avons jamais
disposé d’autant d’informations
sur un site d’atterrissage »,
essaie de se rassurer Ray Arvidson,
de laWashingtonUniversity.
Le site a été choisi pour l’abondance
de sa glace, la plus importante
en dehors des calottes polaires.
C’estpour elle que la sonde
aura parcouru 680 millions de kilomètres.
Les chercheurs misent
sur la foreuse de Phoenix pour
atteindre pour la première fois
l’eau martienne.
La mission clôt peut-être un
riche chapitremartien de laNasa.
Enmars dernier,MichaelGriffin,
administrateur de l’agence, a
coupé le financement martien,
contraint par le projet de retour
vers la Lune. Le budget annuel
martien passera à une moyenne
de 343 millions de dollars pour la
période 2009-2012, contre
620 millions pour la période budgétaire
précédente. Le signe que
les fantasmes des petits hommes
verts, très rentables jusqu’ici pour
la Nasa, ont fait leur temps ?
MATTHIEU QUIRET
Les « atterrissages » martiens passés et futurs
− Viking 1 (août 1975-1980)
et Viking 2 (septembre
1975-1980) : les deux
atterrisseurs ont observé pendant
six ans les saisons martiennes et
ont réalisé les premières analyses
de sol.
−Mars Pathfinder (décembre
1996-mars 1998) : le Rover a
pris 17.000 images et réalisé plus
de 15 analyses chimiques
de roches.
− Spirit (depuis juin 2003) :
le Rover explore depuis 2004 le
cratère de 150 km de Gusev.
− Opportunity (depuis juillet
2003) : ce robot étudie le plateau
de Meridiani Planum, où il a
parcouru plusieurs kilomètres.
− Phoenix (mai 2008) : étude
des pôles.
−Mars Science Laboratory
(2009) : ce projet prévoit
d’installer un laboratoire ambulant
dix fois plus instrumenté
que les Rovers précédents.
samedi 24 mai 2008
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