http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20080523_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4730567.pdf?journee=PDF_20080523_LEC
Le charbon thermique connaît une nouvelle jeunesse
Le prix spot du charbon thermique a quadruplé en cinq ans, à plus de 100 dollars la tonne.De nouvelles conditions structurelles ont généré l’envolée, soutenue pardes incidents climatiques en Asie et par la pénurie d’énergie en Afrique du Sud.
Longtemps considéré
comme une sourced’énergie obsolète et polluante,
le charbon thermique connaît
aujourd’hui un nouvel âge d’or.
Alors qu’il se traitait il y a encore
cinq ans autour de 30 dollars la
tonne pour son prix de référence
FAB (franco à bord) au Japon, il
s’échange ces temps-ci en Extrême-
Orientàprèsde 110dollars
au comptant avec des anticipations
des analystes pour l’année
en cours de l’ordre de 120 à
130 dollars. Si ces prévisions se
vérifient, les prix auront quadruplé.
Les contrats annuels d’approvisionnement
signés en Extrême-
Orient pour les livraisons
débutant le 1er avrilont fixé le prix
de la tonne decharbonthermique
à125dollars.Ainsi,lahausse n’est
pas éphémère. La tonne de
houille au-dessus des 100dollars a
toutes les chances de perdurer au
moins jusqu’en 2010. Le charbon
bon marché est derrière nous.
C’est bien d’un nouveau paradigme
de cemarché dont il s’agit.
Elément central de cette nouvelle
économie de la houille, le
déficit structurel de la région de
l’Atlantique, auparavant comblé
par des surplus de l’aire Pacifique
(Australiens, Indonésiens et
Chinois), ne peut plus l’être, indique
Sylvie Cornot-Gandolphe,
conseillère du président d’Atics
Services pour les questions énergétiques,
dans le rapport 2008 de
Cyclope.Les flux s’inversent.Des
importateurs de houille du Pacifique
viennentdésormais s’approvisionner
auprèsdes anciens fournisseurs
de la zone Atlantique.
Un exemple ? L’Inde fait une
partie de ses courses en charbon
en Afrique du Sud car la proximité
géographique des deux pays
permet aux acheteurs de minimiser
les coûts du fret maritime,
autre facteur essentiel du nouveau
paradigme de la houille.
L’engorgement des grands ports
charbonniers australiens, le terminal
de Newcastle en tête, n’est
pas prêt de cesser… L’Australie
assure à elle seule environ 20%
du total des exportations mondiales
de ce combustible minéral.
L’essor industriel et l’urbanisation
accélérée de la Chine, premier
producteur mondial de
houille avec prèsde 40%du débit
global, constituent les autres données
centrales de l’équation. Plus
de 80% de l’électricité consommée
dans l’ex-empire du Milieu
est produite grâce au charbon vapeur.
En 2000, la Chine a
consommé moins de 1 milliard de
tonnes de houille. En 2007, sa
consommation apparente de
charbonadépassé les 2,5milliards
de tonnes. Cela donne la mesure
du changement de braquet.
Des quotas d’exportation
Conséquence : exportatrice nette
jusqu’à l’année passée, la Chine
devient un pays importateur en
2008, avec 27 millions de tonnes
d’achats nets sur les marchés internationaux,
estiment les économistes
chez UBS. En 2010, ces
importations seront multipliées
par deux, enchaînent-ils.
A ces déterminants structurels
de lahaussedes prix s’ajoutent les
effets contingents des aléas climatiques
etde la crise énergétique en
Afrique du Sud. Au premier trimestre,
les tempêtes de neige en
Chine et les inondations en Australie
ont tendu encore davantage
les termes dumarché. « Plusieurs
mines australiennes sont encore
sous l’eau », a expliqué Sylvie
Cornot-Gandolphe lors de la présentation
du dernier Cyclope.
Pékin a en outre ramené le
quota d’exportation de ce combustible
de 70 à 53 millions de
tonnes pour l’année en cours et le
Vietnam a suivi son puissant voisin
en plafonnant à son tour les
exportations à 22 millions de
tonnes, contre 32 millions auparavant.
Enfin, l’Afrique du Sud,
grand pays exportateur, doit trouver
45 millions de tonnes supplémentaires
de charbon thermique
dans les deux ans afin de reconstituer
les stocks du réseau électrique
national. En 2007, ce pays
avait exporté 68 millions de
tonnes de houille. En 2008 et
2009, ses ventes de ce combustible
minéral à l’étranger pourraient
chuter d’un tiers, juge Mark Pervan,
économiste chez ANZ. Il ne
faut donc pas s’attendre à une
améliorationde l’offre avant la fin
de la décennie. Les producteurs
de charbon ont encore de beaux
jours devant eux, en concluent les
analystes chez Bernstein.
MASSIMO PRANDI
samedi 24 mai 2008
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