mercredi 14 mai 2008

L’Ecosse crée un modèle original de transfert de technologie

http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20080513_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4724358.pdf?journee=PDF_20080513_LEC

L’Ecosse crée un modèle original de transfert de technologie

ITI Life Sciences veut susciter des projets de recherche capables de générer une activité économique.

Quand on est situé dans
une petite région aux confins de l’Europe, qui
dispose de bonnes universités
mais de moyens financiers
limités pour stimuler le
développement économique,
il faut cibler ses
interventions. C’est ce
que fait ITI Life Sciences,
le fonds public écossais de soutien
à l’innovation dans les
sciences de la vie, à travers le
financement de projets bien spécifiques
dans des disciplines en
émergence. Il vient de lancer un
appel d’offres international
dans le domaine de la biologie
dite « de synthèse ». La biologie
de synthèse, appelée
ainsi par analogie avec la
chimie de synthèse, est une
nouvelle branche des
sciences de la vie qui utilise le
géniegénétique pour rendredes
micro-organismes capables de
réaliser, par des voies biologiques,
des processus industriels
complexes. Les applications potentielles
sont nombreuses, de la
synthèse chimique à la dépollution
en passant par la production
d’énergie ou de médicaments.
«Grâce à son réseau d’experts
dans l’industrie et dans la recherche
publique, ITI Life
Sciences a identifié la biologie de
synthèse comme l’un des domaines
émergents dans les
sciences de la vie », confirme Jim
Greaves, directeur du marketing
et de la communication d’ITILife
Sciences.
Des projets ciblés
Créé en juillet 2003, ITI Scotland
a été doté par le gouvernement
écossais de 450 millions de livres
(570 millions d’euros) sur dix ans
pour soutenir des programmes de
R&Dassociant des entreprises et
des structures académiques actives
dans l’énergie, les technologies
de l’information et les
sciences de la vie. Spécialisé dans
ce dernier domaine, ITI Life
Sciences dispose d’un budget annuel
de 15 millions de livres.Depuis
sa création, il a déjà investi
quelque 50millions de livres dans
des projets ciblés de recherche
précompétitive associant entreprises
et laboratoires académiques.
Il a,parexemple, soutenu
des projets portant sur la production
standardisée de cellules
souches, la mise au point de tests
de criblage cellulaire ou le développement
de souris transgéniques
destinées à la recherche
pharmaceutique. Cette année,
outre le programme biologie de
synthèse, un appel d’offres de
5millions à 10millions de livres a
également été lancé dans le domaine
de l’administration de
substances dans l’oeil pour le diagnostic
et le soin.
Les projets susceptibles d’être
financés pourraient donner lieu à
des mises de fonds de 2millions à
5millions de livres en biologie de
synthèse et de 5 millions à
10millions dans les technologies
d’administration intra-oculaire.
Alors que, le plus souvent, les
agences publiques abondent les
projets, ITI Life Sciences prend à
sa charge la totalité du financement.
En contrepartie, le fonds
détient en fin de projet la totalité
de la propriété industrielle générée,
qu’il peut ensuite valoriser en
accordant des licences aux entreprises
les mieux placées, à ses
yeux, pour les exploiter. Ce ne
sontpasnécessairement celles qui
ont participé au projet, et elles
n’ont pas besoin d’être écossaises
pour être choisies. En revanche,
elles doivent au moins disposer
d’une implantation commerciale
en Ecosse.
Une cinquantaine de brevets
Il est encore un peu tôt pour
dresser unbilande l’activitéd’ITI
Life Sciences, puisque la plupart
des programmes financés sont en
cours de réalisation ou viennent
juste de s’achever. Mais l’enveloppe
complémentaire de 2 millions
de livres sur quatorze mois
(lire ci-dessous) qui vient d’être
accordée au programme souris
transgéniques, initialementprévu
sur trois ans avec une dotation de
5,4 millions de livres, parle en sa
faveur. « Ce programme a permis
de générer davantage de lignées de
souris que nous n’en attendions et
elles suscitent beaucoup d’intérêt,
tant chez les groupes pharmaceutiques
qu’auprès de la Food and
Drug Administration. Ces perspectives
commerciales encourageantes
nous ont incités à prolonger
notre soutien », explique Jim
Greaves. Par ailleurs, les différents
programmes financés par
ITI Life Sciences ont donné lieu
au dépôt d’une cinquantaine de
brevets.
Malgré cela, l’arrivée il y a neuf
mois d’un nouveau président a
été l’occasion d’une analyse critique
du fonctionnement de la
structure avec, à la clef, quelques
améliorations. Ainsi, pour réduire
les coûts, toutes les fonctions
transversales (propriété industrielle,
financement...) des
différents ITIontétémutualisées.
Par ailleurs, « le processus de
choix des domaines scientifiques
d’intervention, qui s’était alourdi
et complexifié, a été ramené à
quatre étapes », observe Jim
Greaves. Et les consultants externes
sont largement mis à
contribution pour épauler la cellule
de veille technologique, qui
compte cinq ou six personnes.
Reste la question de la propriété
industrielle.Qu’ITI Life Sciences
se la réserve apparaît comme un
obstacle à la participation des laboratoires
académiques, auxquels
elle revient habituellement
lorsqu’ils collaborent avec les entreprises.
ITI Life Sciences mène
actuellement une réflexion pour
en tenir compte.
CATHERINE DUCRUET

Un dispositif complet d’aides
à la valorisation de la recherche
Programmes. En aval d’ITI, le
gouvernement a aussi mis enplace
plusieurs programmes dédiés au
transfert de technologie au sens
large. Scottish Enterprise Proof of
Concept, programme doté de
2,6 millions de livres, aide les entreprises
à financer l’étape de
preuve deconcept. Pour enbénéficier,
les porteurs de projet doivent
avoir au préalable protégé leur inventionendéposantdesbrevetset
savoir assezprécisément comment
ils comptent s’yprendrepour commercialiser
leurs futurs produits.
Scottish Health Innovation Ldt est
chargé,pour sapart,devaloriser la
propriété intellectuelle générée
par National Health Services (hôpitaux
universitaires). Enfin, les
collaborations de recherche médicaledite
« translationnelle », c’està-
dire destinées à accélérer la
transformation des découvertes
scientifiques en améliorations
pour le patient, sont également
soutenues via un programme de
65 millions de livres.

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