jeudi 29 mai 2008

Les entreprises sous-estiment le risque climatique

http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20080528_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4732825.pdf?journee=PDF_20080528_LEC

Les entreprises sous-estiment le risque climatique

Il est temps d’intégrer le changement climatique dans la stratégie des entreprises. C'est le message quisedégage àla lectured’une récente étudepubliée
par KPMG. Le cabinet d’audit a compulsé une
cinquantaine de rapports sectoriels consacrés à cette
question, qu’ils soient réalisés par des banques d’investissement,
des ONG, ou encore des agences de
notation. Il se dégage de ce travail de synthèse
l’impression d’un décalage entre les risquesencourus
par les entreprises et la façon dont ceux-ci sont
généralement perçus.
Sixsecteurs,notamment,sontendanger : lepétrole
etlegaz,l’aviation,lasanté,lafinance,letourismeetle
transport. Selon les auteurs de l’étude, tous courent
des risques nettement sous-évalués. On pourra
s’étonner de trouver dans cette liste des métiers en
apparencenoncorrélésauxphénomènesclimatiques.
C’est que KPMG, dans sa définition des risques, est
allé au-delà des seules menaces physiques pour
inclure des éléments plus immatériels.Les risques de
réputation sont quasi négligés : seules 28% des
entreprises semblent les prendre en considération.
Cela, « alors qu’il est désormais certain que les
consommateurs et les investisseurs sont très sensibles
aucomportementde ces dernières enmatière environnementale
», estimePhilippeArnaud, responsabledu
département développement durable chez KPMG.
Autresdangerstropsouventsous-estimés(carenvisagés
par seulement 14%des entreprises) : la probabilité
de plus en plus forte de voir des litiges juridiques
porter sur des questions climatiques.
La menace la plus fréquemment identifiée par les
entreprises est surtout réglementaire : 72% d’entre
elles sentent que le resserrementdes normes environnementales,
à l’imagede celuiqui devraitêtre voté fin
juin en France, est de nature à complexifier leurs
processus de production... et à augmenter leurs coûts.
Une contrainte que ne nie pas Philippe Arnaud,
« surtout compte tenu de l’objectif de réduction de
moitiédesémissionsdegazàeffetdeserred’icià2050 ».
Avantage comparatif
Il serait pourtant dommage de se contenter de ce
tableau plutôt sombre,estimeKPMG.Car lesopportunités
existent. « Il ne fait aucun doute que réduire
l’exposition aux aléas climatiques peut être bénéfique
économiquement », estime Philippe Arnaud. De
même, l’augmentation des prix de l’énergie et des
matières premières à desniveaux élevés« commence
à jouer comme une incitation », prévient-il. Dans
certains secteurs gourmands en énergie, améliorer
l’efficacité des processus de fabrication peut devenir
un avantage comparatif. Le message est clair : en
2008, le paramètre climatique doit êtremis au centre
de toutes les réflexions stratégiques. Ceux qui le
négligent risquent d’en être, un jour ou l’autre, pour
leurs frais.
GABRIEL GRÉSILLON

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