http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20080710_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4750697.pdf?journee=PDF_20080710_LEC
LE POINT DE VUE DE NATHALIE KOSCIUSCO-MORIZET ET LUC CHATEL
L’industrie, le moteur de la croissance verte
La révolution environnementale et énergétique qui s'annonce sera d’abord une révolution
industrielle. Ne nous y
trompons pas : aucun des grands
défis écologiques − émission de
CO2, dépollution, assainissement,
recyclage, énergies alternatives,
etc. −ne trouvera de réponse crédible
sans la contribution innovante
de l’industrie. Loin d’être
une variable d’ajustement de nos
politiques de développement durable,
l’industrie doit en constituer
le moteur.
Avraidire, l’industrie française
n’a pas attendu le choc pétrolier
actuelou la prise de consciencedu
grand public pour préparer l’avenir.
Elle occupe déjà des positions
fortes au niveaumondial dans des
secteurs comme l’énergie ou le
traitement des déchets.Mais il est
temps aujourd’hui de voir grand
et de mobiliser l’ensemble des
acteurs industriels autour d’un
défi commun : transformer les
contraintes énergétiques et environnementales
en opportunités
de marché. Ainsi, lorsque l’on
adopte dans le cadre du Grenelle
de l’environnement des réglementations
plus strictes en matière
d’habitat et de construction,
on crée certes une contrainte à
court terme mais on ouvre également
de nouvelles perspectives
pour l’industrie des matériaux,
des isolants, et des systèmes énergétiques.
De même, quand on
interdit le recours à certaines
substances chimiques, on prépare
aussi la voie à ceux qui sauront
innover et offrir des produits de
substitution.
Tous les secteurs, tous les maillons
de l’industrie ont leur place
dans cette révolution des « écotechnologies
». Ainsi, la domotiquerendrademainnotremaison
« intelligente », en faisant la
chasse au gaspi énergétique. De
même, l’automobile « propre »
mobilisera la chaîne industrielle
dans son ensemble, bien au-delà
des seuls constructeurs : elle roulera
sur des bitumes innovants qui
permettront des économies
d’énergie, avec des pneus réduisant
la consommation, tandis
qu’un système électronique couperale
carburant aux feux rouges.
L’intégration de la contrainte environnementale
modifiera la
conception même des produits.
Par exemple, le leader finlandais
du téléphone portable vient de
lancer le premier éco-mobile : sa
coque, composée à 50% de biomatériaux
non polluants, est livréedansunemballage
recyclable
et compact − ce qui a permis une
économie de 5.000 camions pour
le distribuer − tandis que son écochargeur
ne consomme de l’électricité
que pendant la charge et se
désactive ensuite.
Sur un marché désormais planétaire,
ceux qui innoveront le
plus vite et le mieux en matière
environnementale bénéficieront
d’une véritable « prime aux pionniers
». Il estdonccrucialpour nos
entreprises d’occuper rapidement
des positions fortes, de conserver
toujours un temps d’avance en
matière d’innovation, pour
qu’elles puissent imposer leurs
standards technologiques au niveau
mondial.
Al’aube de cettenouvelle révolution
industrielle, quelles missions
assigner aux pouvoirs publics
? Nous devons continuer à
miser sur nos pôles de compétitivité,
pour transformer la matière
grise en or vert. Il nous faut également
soutenir nos PME innovantes
« écotech », en leur accordant
par exemple une plus grande
place dans la commande publique.
En tant qu’investisseurs
publics, nous devons favoriser la
diffusion des écotechnologies sur
l’ensemble du territoire. Dans les
négociations internationales sur
l’environnement, faisons preuve
de lucidité pour prévenir tout
dumping écologique de la part de
nos partenaires. Nous devons enfin
organiser en concertation avec
tous les acteurs industriels la bataille
de la croissance verte. Voilà
pourquoi nous lançons conjointement
dès aujourd’hui le plan
« éco-tech 2012 ». Son objectif ?
Adopter une approche partenariale
public-privé pour identifier
les secteurs et les technologies
clefs.Repérer tous les leviersd’actions
qui permettent de diffuser
les éco-technologies dans notre
économie. Faire des industriels
des acteurs et des inspirateurs des
politiques publiques en matière
environnementale, afin de mieux
réguler, d’innover plus rapidement
et de saisir toutes les opportunités
de croissance pour nos entreprises
dans une société de plus
en plus sensibleaux conséquences
de son développement.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
est secrétaire d’Etat chargée
de l’Ecologie.
LUC CHATEL est secrétaire d’Etat
chargé de l’Industrie
et de la Consommation.
jeudi 10 juillet 2008
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