jeudi 7 août 2008

Voyage d’étude dans le fief de l’innovation

http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20080807_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4759018.pdf?journee=PDF_20080807_LEC

Voyage d’étude dans le fief de l’innovation

Des étudiants de grandes écoles s’aventurent une semaine en Californie et découvrent que la coopération est au coeur de la sauce secrète de l’innovation.
DE NOTRE CORRESPONDANTE
À SAN FRANCISCO.

L’innovation, on peut en
rêver ou en étudier les mécanismes. On peut
aussi s’y risquer. Forts de cette
conviction, une trentaine d’étudiants
de grandes écoles accompagnés
d’une demi-douzaine de
professeurs, autant d’entrepreneurs
et d’artistes, sont partis
une semaine dans la Silicon Valley
pour donner vie à l’atelier
sur l’innovation, Le MoHo. Au
programme : rencontrer le jour
des entrepreneurs, des investisseurs,
des universitaires et des
experts ; plancher la nuit, en
compagnie d’invités triés sur le
volet, sur des projets d’innovation
dans 5 catégories − finance,
santé, éducation, technologie et
énergie.
Inauguré, il y a peu, à Palo
Alto, Le MoHo est issu du programme
Création d’un produit
innovant (CPI) qui a réuni cette
année pour la troisième fois des
étudiants ingénieurs (Centrale),
des étudiants en gestion (Essec)
et des étudiants en design industriel
(Strate College), afin qu’ils
collaborent sur des projets innovants
dans le cadre d’un cahier
des charges défini par une entreprise
(« Les Echos » du 9 avril
2008).
Le MoHo devait à l’origine
récompenser les 12 étudiants
lauréats du grand prix CPI par
une visite d’observation dans la
Silicon Valley. En six semaines,
ce programme a été transformé
en un atelier mêlant apprentissage
et pratique sur l’innovation.
Il a été organisé, encouragé
et financé par les écoles et les
entreprises partenaires du CPI
comme Schneider Electric, Alcatel-
Lucent ou Europ Assistance,
pour une cinquantaine de
participants tenus de mettre la
main à la pâte.
Apple, Google, eBay, Craigslist,
Ideo, l’université de Stanford
ou encore les capital-risqueurs
de Sand Hill Road : à
défaut d’être exhaustif, le programme
des visites concocté par
le projet Le MoHo avait laissé
en fin de semaine ses participants
étourdis par les rencontres.
« Cela nous a permis demieux
comprendre le dynamisme de la
région et comment ses entrepreneurs
font pour être aussi innovants.
Ils sont décontractés, informels
et faciles d’accès. Ils sont
mus avant tout par la recherche
de l’efficacité », indique Nicolas
Touchant, étudiant en dernière
année de MBA à l’Essec. « On
sait qu’ils cherchent tous à réussir
dans un contexte très compétitif,
mais ce qu’on constate avant
tout, c’est qu’ils partagent la
même passion, renchérit Evy
Moon, musicien. Ils racontent
qu’ils ont besoin les uns des
autres et combien la proximité
géographique est importante...
c’est l’écosystème ! »
Modèle de coopération
Or c’est précisément sur ce modèle
de coopération que Le
MoHo a été conçu. « C’est extraordinaire
ce qui peut se passer
quand vous mettez ensemble des
gens qui ne sont pas habitués à
collaborer », explique Renaud
Combes, « facilitateur » professionnel
chez Capgemini et l’un
des 7 tuteurs du MoHo.
Les membres de l’atelier finance
sont ainsi repartis avec,
dans leurs sacs, un service Web
destiné à aider les entrepreneurs
à trouver dans leur ville ou leur
région des individus susceptibles
d’investir dans leur projet (Localidees.
com).Le groupe santé a
mis au point le Spider Walker,
un corset « intelligent » suspendu
à un rail permettant aux
personnes âgées de se déplacer
de manière autonome et en
toute sécurité dans leur lieu de
vie. Quant au projet MBabel, il
vise à constituer une bibliothèque
en ligne de contenu éducatif
de qualité, grâce au mécénat
d’universités du monde
entier.
« C’était chaotique et cet aspect
chaotique a été bénéfique pour
l’innovation », se réjouit Pierre
Janicot, entrepreneur et principal
responsable du projet. Bien
que les difficultés logistiques
aient été légion, il envisage de
renouveler l’expérience au
moins une fois par an.
LAETITIA MAILHES

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