mardi 22 avril 2008

Recyclage : La ruée vers l’or (dure)

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Recyclage : La ruée vers l’or (dure)

Le recyclage représente pour les membres du BIR un marché de 100 milliards d’euros par an. © Flickr
Dans un contexte de croissance économique soutenue et de flambée des matières premières, le recyclage est devenu indispensable à l’activité industrielle, au point de fournir déjà 50 % des besoins mondiaux en matières premières. Fédérés au sein du Bureau International de la Récupération et du Recyclage (BIR), qui fête cette année ses 60 ans, les professionnels mondiaux du recyclage s’inquiètent cependant de la criminalité croissante qui accompagne la hausse du prix de certains métaux. De plus, selon eux, le statut juridique de déchets accolé aux produits recyclés constitue un frein à l’exportation de ces derniers.
Le Bureau International de la Récupération et du Recyclage (BIR) fête cette année ses 60 ans d’existence. Née au lendemain de la seconde guerre mondiale, cette organisation mondiale regroupe aujourd’hui 43 fédérations nationales de professionnels du recyclage (Europe de l’Ouest et de l’Est, Etats-Unis, Chine, Inde…) et 750 entreprises qui représentent 1,5 million d’emplois, 500 millions de tonnes de matières recyclées, et un marché de 100 milliards d’euros par an. Créée dans le contexte de la reconstruction de l’Europe - on manquait alors cruellement de matière première -, le BIR est devenu une plateforme mondiale de promotion des filières de recyclage des métaux ferreux, non ferreux, des textiles et du papier. « Depuis notre création, et surtout depuis trente ans, avec le doublement de la population mondiale et l’essor des réglementations environnementales, nous sommes passés de l’échelle régionale à l’échelle planétaire, et d’une récupération de nécessité à un recyclage structuré », explique Dominique Maguin, président du BIR. Le recyclage couvre 70 % des besoins de l’industrie française du verre Dans un contexte d’épuisement des ressources naturelles et de croissance économique et urbaine mondiale soutenues, le recyclage est devenu « essentiel à l’industrie mondiale. Il fournit déjà 50 % des besoins mondiaux en matières premières, et, en France, 70 % des besoins des industriels du papier et du verre », rappelle Dominique Maguin. Mais la flambée des cours des matières premières, notamment du cuivre et du zinc, si elle accroît la rentabilité des opérations de recyclage, n’est pas sans poser certains problèmes aux acteurs de la valorisation des déchets. « Nous sommes devenus les nouvelles banques. Nos entreprises, qui possèdent des stocks importants de matières premières recyclées, sont de plus en plus souvent victimes de vols, de braquages, voire d’enlèvements, perpétrés par des bandes plus ou moins liées au crime organisé », Alerte Igor Bilimoff, directeur général de Federec (Fédération de récupération du recyclage et de la valorisation), membre du BIR. Un problème grandissant dont se fera sans doute l’écho la réunion du BIR prévue en juin à Monte Carlo, et au cours de laquelle les professionnels du recyclage feront le point sur la situation de leurs filières. Nul doute que la question des entraves réglementaires au libre commerce international des matières recyclées sera également au menu des discussions. Le déchet recyclé est-il encore un déchet ? Ce point est en effet le cheval de bataille du BIR depuis plusieurs années : « On continue, sur le plan juridique, à considérer les produits recyclés comme des déchets. Cela limite nos débouchés internationaux - certains pays, qui manquent pourtant de matières premières, n’acceptent pas de voir débarquer chez eux des « déchets » -, et cela amoindrit la valeur marchande de nos produits. Or, le recyclage, c’est une transformation du déchet en matière que nous appelons « secondaire », qui elle-même n’est pas polluante, et devrait donc pouvoir circuler sans entrave, comme une simple matière première », plaide Francis Veys, directeur général du BIR. Depuis quatre ans, l’organisation défend donc auprès des institutions européennes un changement de dénomination pour les produits du recyclage. « Et nos arguments commencent à être entendus », assure Dominique Maguin. Pour donner plus de poids à ses revendications, le BIR a même commandé la première enquête internationale sur l’empreinte carbone du recyclage, sensée fournir la preuve que « le recyclage, en permettant d’économiser les importantes émissions de CO2 liées à l’extraction et à la transformation des matières premières, est encore plus bénéfique à l’environnement qu’on ne le pense. » Les résultats de cette étude devraient être révélés dans les prochains jours.
21 avril 2008, William Bolle

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