jeudi 12 février 2009

Et si on aspirait les ordures ?

http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20090212_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4829887.pdf?journee=PDF_20090212_LEC

Et si on aspirait les ordures ?

Plusieurs villes françaises
hésitent à investir dans un
système qui se développe
dans le monde. Le bilan
environnemental reste
incertain.
Pour supprimer le ballet quotidien des camions-poubelles, sa gloutonnerie en carburant, ses nuisances sonores, la collecte des ordures ménagères imite le métro et les égouts.

En matière d’environnement, la france adore passer derrière les autres. La
collecte pneumatique des déchets
n’échappe pas à la règle. Cette
technique innovanteémoustille les
municipalités françaises mais aucune
n’a encore franchi le pas, en
dehors de l’expérience pionnière
de Grenoble il y a vingt ans. Le
concept paraît saugrenu au premier
abord,mais il trouve son sens
dans certains urbanismes. Pour
supprimer le ballet quotidien des
camions-poubelles, sa gloutonnerie
en carburant, ses nuisances sonores,
lacollectedesorduresménagères
imite le métro et les égouts.
Les particuliers jettent leurs poubelles
dans des bornes fixes installées
tous les 50mètres dans la rue.
Lepaquetnauséabondtombedans
un réseau de conduites souterraines
oùun système pneumatique
l’aspire à plus de 50 kilomètresheure.
L’évacuation se fait en réalité
par séquences d’aspiration, en
fonction du taux de remplissage
des bornes. En zone urbaine très
dense, chaqueséquencesesuccède
tous les quarts d’heure, voire en
continu.
Les systèmes pneumatiques se
sont d’abord développés depuis
des décennies dans les pays du
Nord, souvent enneigés.La Suède,
enparticulier,yvoyaitunefaçonde
gérer les ordures quel que soit le
temps. Depuis, une centaine de
villessurlaplanèteontadoptécette
technique, Copenhague, Barcelone,
Séville, Taipeh, Lisbonne ou
encoreKualaLumpur.Lesmunicipalités
s’en sont emparées pour
aménager de nouveaux quartiers
ouau contrairerénover les centresvilles
historiques difficiles d’accès
aux camions-poubelles. A l’occasion
des jeux Olympiques, Barceloneafaitcechoixparesthétismeet
prestige. Les bornes de déposition
font meilleur effet que les poubelles
qui traînent au milieu des
trottoirs. Depuis, l’Espagne multiplie
les projets, une quarantaine à
l’heure actuelle. Cet engouement
s’explique notamment par le bon
fonctionnement des machines
constaté depuis longtemps.
Utopique
Pourquoi les promoteurs et les
municipalités françaises font-ils
donc preuve de frilosité ?ANarbonne,
qui avait il y a encore un
an le projet le plus ambitieux et
un contrat de 5 millions d’euros
avec le fournisseur Envac, on
qualifie désormais ce système
d’utopique. La nouvelle équipe
municipale a totalement remis à
plat le nouveau quartier du
Théâtre qui devait accueillir l’installation.
« Cela aurait porté le
prix du mètre carré à 6.000 ou
7.000 euros pour les habitants,
c’est impensable », justifie le directeur
de cabinet du maire. En
Bretagne, le projet de Brest MétropoleOcéane
se heurteà l’hostilité
de l’antenne locale de l’association
de consommateurs
UFC-Que choisir, qui estime ce
choix trop cher et trop risqué.
L’Ademe, échaudée par
l’aventure narbonnaise qu’elle
soutenait, devient prudente sur
ce mode de collecte. « Nous
n’avons pas assez de recul sur son
bilan environnemental. Le coût
de l’énergie consommée est loin
d’être négligeable, il peut même
approcher celui d’une flotte de
véhicules. D’autant qu’il faut
conserver un système classique
d’évacuation des déchets en bout
de réseau », explique Marc Cheverry,
chef du département de la
gestion optimisée des déchets de
l’agence, pour qui il faut raisonner
au cas par cas. « Ce système
peut s’avérer intéressant pour les
nouveaux écoquartiers, dans des
zones très denses en population
où l’amortissement du gros investissement
de départ est plus facile.
A condition de limiter le réseau
pneumatique à une longueur de 2
à 3 kilomètres. Il peut aussi offrir
un gain intéressant en CO2 si
l’électricité provient de sources renouvelables.
»
M. Q.

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