http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20090212_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4829886.pdf?journee=PDF_20090212_LEC
CROISSANCE VERTE
La seconde vie des déchets du bâtiment
Ce ne sont que quelques
tonnes à chaque fois. Presque rien au regard de
ceux produitspar lesgrands chantiers
du BTP.Mais, globalement,
les déchets produits par les artisans
pèsent, dit-on, un tiers de
ceux produits par l’ensemble du
secteur du bâtiment. Depuis
quelques mois, plusieursDéchetteries
d’unnouveau type éclosent
en région parisienne à destination
des artisans. Leur objectif :
capter les déchets des petits et
moyens chantiers. Lancés par
quelques pionniers privés, ces
centres permettent aux maçons,
aux peintres, aux charpentiers
de déposer leurs rebuts, qui sont
alors triés sur place, puis
valorisés.
La société Picheta a ouvert sa
quatrième installation l’été dernier
à Triel-sur-Seine dans les
Yvelines. « Son activité est en
croissance », assure Didier Manseau,
directeur de Picheta. Mais,
pour lui, la référence reste le premier
site historique de l’entreprise
à Pierrelay (Val-d’Oise) qui
traite désormais 50.000 tonnes
par an dont 90% sont valorisés,
lerestepartant enenfouissement.
Une belle performance sachant
que la moitié des déchets seulement
est valorisée en France. De
20% à 40% des clients du site
profitent aussi de leur déplacement
pour repartir avec des matériaux
recyclés. Les artisans peuvent
en effet dans la foulée
acheter des matériaux recyclés
comme des granulats produits à
partir des déchets du BTP ou de
la terre issue des déchets verts.
Au stade de prototypes
Les conséquences ne se sont pas
fait attendre puisque ces centres
ont pour vertu d’éviter que les
artisans ne vident leurs camions
dans les décharges sauvages, a
constatéDidierManseau : « Partout
où nous avons ouvert un
centre, les communes voient leurs
frais de nettoyage des décharges
divisés par 5 à 10. La plupart des
artisans sont prêts à payer la vingtaine
d’euros pour trouver un exutoire
légal à leurs déchets. »
D’autres industriels sont prêts
à se lancer dans l’aventure et
deux projets sont actuellement à
l’étude en Ile-de-France. Lamaisonmère
de Picheta, Colas, a par
ailleurs décidé d’installer une
plate-forme sur l’île de La Réunion.
Pourtant, le succès des
centres varie suivant la zone
qu’ils couvrent, notamment
quand les Déchetteries municipales
offrent gratuitement une
part de ce service. Le site de
Lagny-sur-Marne ouvert l’été
dernier par la société Yprema
peine ainsi à trouver sa clientèle.
« Cela prend quelques années
pour bouleverser les habitudes.
Nous en sommes au stade des
prototypes », explique-t-on chez
l’industriel.
Qu’y a-t-il dans ces déchets ?
D’abord des matériaux dits
inertes, comme les gravats, qui
représentent traditionnellement
plus de 70% des flux. Une fois
déposés, ils sont concassés par un
broyeur et transformés en granulats,
qui vont notamment garnir
les sous-couches routières.En revanche,
il reste techniquement
impossible de les utiliser pour le
béton.
Professionnaliser le secteur
Les autres déchets sont triés sur
place. Le bois est parfois valorisé
sous forme de panneaux de particules
par exemple, même si cette
filière n’est pas très efficace.Que
faire par exemple lorsque ce bois
est recouvert d’adjuvants toxiques
? Il doit alors suivre le sort
des déchets toxiques. Quant à la
ferraille ou au PVC, ils rejoignent
eux aussi des filières adaptées.
Côté utilisateurs, plusieurs offres
leur sont proposées : livrer leurs
déchets bruts ou effectuer un tri
en amont afin de profiter d’un
tarif plus avantageux. Cette possibilité
concerne d’abord les entreprises
qui oeuvrent sur des
constructions neuves, les chutes
comme le plâtre étant plus facilement
recyclables. Les travaux de
réhabilitation produisent, eux,
des matériaux très mélangés plus
difficiles à trier, surtout sur de
petits volumes.
L’Ile-de-Franceapris la tête de
ces initiatives, à cause de sa situation
urbaine. N’ayant pratiquement
plus de carrières, la région
voit le coût des granulats augmenter.
Les carrières désaffectées
étant remplies, les gravats
parisiens s’exportent loin, dans
celles de Beauce par exemple.
Une équation parfaite pour le
recyclage.Et,de fait, les granulats
recyclés deviennent aussi compétitifs
que les « neufs ». Problème
toutefois, la région parisienne
souffrant d’un coût élevé du foncier,
de nombreux projets sont
bloqués, assure la spécialiste des
déchets de la Fédération française
du bâtiment (FFB). Dans
les zones rurales etmoins denses,
c’est en revanche l’insuffisance
des flux de déchets qui pose problème.
Du coup, il reste encore beaucoup
de travail pour professionnaliser
le secteur. Sur plus de
400 plates-formes de regroupement
des déchets du BTP en
France, moins d’une centaine
agissent comme desDéchetteries
professionnelles et moins encore
recyclent les déchets. Certaines
se contentant de remblayer les
carrières avec des gravats.
D’autres comme les chaînes de
distribution accueillent gratuitement
ou à des prix intéressants
tous les déchets industriels banals
de ses clients dematériaux neufs,
à condition de ne pas excéder un
certaintonnage.Lesacteursde ce
nouveau secteur viennent davantage
du bâtiment que de l’environnement.
Il s’agit souvent de
carriers qui reconvertissent leur
site. Dans le cas de Picheta ou
d’Yprema, les constructeurs se
sont diversifiés dans ce secteur
pour répondre à leurs besoins de
matériaux recyclés pour leurs
propres chantiers.
Un maillage plus serré
C’est justement le rôle de
l’Ademe d’apporter son soutien.
Plusieurs de ces projets ont été
financés jusqu’à 20 %, par
exemple pour un pont-bascule ou
une grue, etc. « Nous les soutenons
car ils correspondent à notre
stratégie de tri maximum des déchets
», explique Valérie Plet, ingénieur
à l’Ademe Ile-de-France.
« Nous incitons aussi ces centres à
se concerter avec les Déchetteries
municipales pour permettre aux
particuliersd’y accéder et de déposer
une plaquede fibro-ciment par
exemple. Il faut un maillage plus
serré de ces plates-formes pour
couvrir les besoins de la région »,
poursuit-elle. Autant de raisons
pour l’Ile-de-France de préparer
actuellement un plan régional
d’éliminationdes déchets duBTP
qui recensera l’ensemble des Déchetteries
ouvertes aux professionnels,
le tonnage, les besoins
sur le territoire francilien.
MATTHIEU QUIRET
Déconstruire plutôt que démolir
Grenelle de l’environnement.
« Il faut favoriser la déconstructionau
détriment de la démolition », explique
Claude Prigent, le président
d’Yprema. « Il faut arrêter de parler
de permis de démolir et le remplacer
par le permis de déconstruire ». Evoquéecommeobjectifpar
leGrenelle
de l’environnement, la déconstruction
sélective faciliterait grandement
la production de matériaux
recyclés. C’est l’une des pistes proposées
pour réduire à 15 % d’ici à
2012 la part des déchets mis en
décharge ou incinérés. La démolitionproduitdesdéchetstrèsmélangésdifficilesàvaloriser.
PourClaude
Prigent, le coût d’une déconstruction
n’est pas plus élevé mais elle
prend plus de temps, il faut l’intégrer
au calendrier du chantier. La
France reste très en retard dans la
déconstruction sélective. La
Grande-Bretagne et l’Allemagne
produisent 6 fois plus de granulats
recyclés. Aux Pays-Bas, 80% des
déchets du BTP sont réutilisés.
La déconstruction est en revanche
plusdifficileàmettreenoeuvredans
les bâtiments très anciens qui comprennent
de nombreux matériaux
différents.Auniveau européen, une
directive-cadre sur les déchets
adoptée le20octobredernierporte
à 70% le taux de réemploi, recyclage
et valorisation matière pour
les déchets non dangereux du BTP
d’ici à 2020.
Un nouveau type
de Déchetteries pour
artisans se développe
pour recycler
les matériaux et éviter
les décharges sauvages.
En millions de tonnes
BTP
Bâtiment
Déchets
en France
Nature
Provenance
Déchets
inertes
Démolition
Réhabilitation
Construction
Déchets
industriels
banals
Déchets
dangereux
Emballages
Les déchets issus du bâtiment
jeudi 12 février 2009
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