jeudi 26 février 2009

Et voici le tracteur à hydrogène

http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20090224_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4833194.pdf?journee=PDF_20090224_LEC

Les stratégies CROISSANCE VERTE

Et voici le tracteur à hydrogène

Ceseral’unedesvedettesdu
Salon mondial des fournisseurs de l’agriculture
(Sima). Si ce tracteur est singulier,
ce n’est pas pour son look d’engin
de travaux publics croisé avec un
dragster. Il ne s’agit après tout que
d’un T6000, un classique de chez
NewHolland.Mais au-delà de son
esthétique un peu m’as-tu-vu, ce
prototype développé dans les laboratoires
de Fiat constitue bien
une première mondiale pour un
engin agricole : il roule à l’hydrogène.
Ce qui lui vaudra l’une des
médailles d’or de l’innovation du
Sima. En effet, sur lamachine, les
ingénieurs italiens ont enlevé le
moteur à combustionpour le remplacerpardeuxenginsélectriques
:
un pour la traction, le second pour
la prise de force qui entraîne les
engins (herse rotative, ensileuse…).
L’électricité étant produite
par une pile à combustible
alimentée par un réservoir d’hydrogènecomprimé,
quiaremplacé
celui de gazole. « Nous avons utilisé
un réservoir de 200 litres, ce qui
offre deux heures d’autonomie.
Mais on peut aller sans problème à
cinq ou six heures, sachant que le
réservoir de gazole d’un tracteur
ordinateur contient lui 600 litres »,
précise Loïc Morel, ingénieur
commercial chez NewHolland en
France. Au total, une machine
d’une puissance de 106 chevaux
correspondant à une puissance
moyenne. Quant au modèle de
pile, on sait juste qu’il s’agit d’un
modèleàmembraned’échange de
protons (PEMFC).
Le projet tenu secret a mobilisé
les ingénieurs du centre de recherche
de Fiat pendant quatre
mois. Un délai finalement assez
court, car les principes de la pile à
combustible sont bien connus.
Dans la pile, l’hydrogène réagit
avec l’oxygène de l’air ambiant
pour produire de l’eau et des électrons.
Ces derniers génèrent un
courant électriquequi alimenteles
moteurs et les systèmes auxiliaires
du tracteur.Avantage,untelengin
ne produit que de l’eau. Oublié
l’oxyde d’azote polluant, les particules
de suie ou le dioxyde de
carbone.
Mais pourquoi une technologie
qui semble faire long feu dans
l’automobile suscite-t-elle l’intérêt
dans l’agriculture ? Simplement
parce que tous les obstacles rencontrés
par la voiture individuelle
semblent pouvoir être assez facilement
levésdanslemondeagricole.
En effet, faire démarrer une économie
autour de la voiture à hydrogène
suppose de résoudre trois
problèmes. D’abord, produire
l’hydrogène à un coût raisonnable
d’un point de vue énergétique.
Ensuite, le distribuer.Enfin, développer
une pile à combustible capable
de faire fonctionner une automobile
individuelle soumise àde
multiples contraintes en matière
de poids, de performances, de sécurité,
de prix… Bref, un cassetête.
Photovoltaïque
Dans lemondeagricole, les choses
sont plus simples surtout si l’on
parie sur la production locale. Les
fermes disposant souvent de très
grands bâtiments, elles pourraient
produire leur électricité à partir de
panneaux photovoltaïques. «Les
calculs montrent que 900 mètres
carrés de panneaux photovoltaïques
seraient suffisants pour alimenter
un tracteur de 150 chevaux
», expliqueLudovicVimond,
responsable communication et
promotion des ventes pour New
Holland en France. L’électricité
non consommée étant évidemment
revendue au réseau.
D’autres moyens étant également
envisageables pour produire de
l’électricité comme l’éolien ou encore
la biomasse. Ainsi produit,
l’hydrogène peut assez facilement
être stocké sous formede gaz comprimé
dans une citerne, à laquelle
le tracteur vient se ravitailler. Exit
les soucis de distribution.
Les dirigeants de NewHolland,
quienvisagentunecommercialisation
dans cinq ans, négocient déjà
avec des fournisseurs demachines
permettant de produire de l’hydrogène
par électrolyse inverse.
Objectif : vendre une solution globale
aux agriculteurs. Futuriste ce
projet ? Sans doute,mais crédible,
assure Jean-BernardMontalescot,
délégué à la valorisation économique
du Cemagref (Centre machinisme
agricole génie rural eaux
forêts) et conseiller technologique
du Sima : «C’est vrai qu’il y a eu
débat sur cette machine.Mais nous
sommes arrivés à la conclusion
qu’il ne s’agit pas de vendre durêve
mais d’inciter à réfléchir. Et cette
piste est très intéressante. »Certains
vont regarder cetteinnovation très
sérieusement. A l’image de Jean-
LucWestphal, qui s’est lancé dans
l’installation de 36.000mètres carrés
de panneaux photovoltaïques
dans son exploitation agricole de
Weinbourg,dans leBas-Rhin :« Si
c’est techniquement et économiquement
possible, c’est une révolution.
»
FRANK NIEDERCORN
Le fabricant de machines
agricoles New Holland a
mis au point un prototype
de tracteur fonctionnant
avec de l’hydrogène
produit à la ferme, grâce
à une machine alimentée
en électricité produite
sur place.


Sur la machine, les ingénieurs italiens ont enlevé le moteur à combustion
pour le remplacer par deux engins électriques : un pour la traction,
et l’autre pour la prise de force qui entraîne les engins.

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