mardi 10 mars 2009

La ferme autochauffante est née dans le Doubs

http://www.lesechos.fr/digital/ARCHIVES/PDF_20090310_LEC/docslib/articlepdf.htm?article=../article/4839701.pdf?journee=PDF_20090310_LEC

La ferme autochauffante est née dans le Doubs

DE NOTRE CORRESPONDANTE
À BESANÇON.
« Le bois, c’est essentiel », annonce
unautocollantsurlaportedulocalà
chaudière.Derrièrecetteporteronronne
une machine allemande labélisée
Flamme verte, pilotée par
un automate qui gère l’alimentation
en combustible − des plaquettes
forestières amenées du silo
attenant par une vis sans fin − et
l’interromptlorsquelatempérature
de l’eau circulant dans les conduits
atteint 70 °C. C’est Christophe,
l’aîné des trois frères Delacroix qui
ont repris la ferme familiale des
Chazeaux,danslesannées1990,qui
a été séduit par le principe de
cette chaudière, au point d’en
installer une chez lui. Bien des
agriculteurs du Doubs optent
pour un combustible, le bois,
disponible, ici,à l’envi.Même si,
dans ce département, seuls
56% de la biomasse issue de
l’accroissement annuel de la forêt
seraient exploités.
Pas de déperdition de chaleur
La ferme des Chazeaux est la
seule à alimenter une installation
collective, via un réseau
souterrain ou aérien selon la
distance. L’installation chauffe
en effetdeuxmaisons distantes
dequelquesdizainesdemètres,
un bâtiment d’exploitation
d’élevage laitier et unatelier de
transformation d’escargots.
Pourquoi ?« Plus c’est collectif,
plus c’est intéressant », assure
Sylvain Delacroix. Le réseau de
chaleur associé à la chaudière
consiste en un dispositif de
conduits extrêmement bien isolés
(grâce à une coque en plastique et
une isolationpolyuréthane)munis
de deux tuyaux : l’un pour le départ
de l’eau chaude, l’autre pour
le retour de l’eau froide. «On ne
constate pas réellement de déperdition
de chaleur : à peine 1 degré sur
150 mètres… ». Réalisée au printemps
2004 pour un coût total de
46.100 euros, dont 40% de subventions
de l’Ademe et du département,
l’installation a
déjà permis aux agriculteurs,
à leurs familles et
salariés de passer cinq
hivers au chaud, en sautant
l’étape de la coupe
du bois, qui occupait le
temps libre lorsque les
trois bâtiments étaient
encore chauffés par de
petites chaudières à
bûches. Le combustible
« bois déchiqueté » est
parfaitement adapté
aux exploitations agricoles,
dès lors qu’elles
sont situées dans une région
boisée. Les agriculteurs
disposent de la
place nécessaire au stockage
mais aussi de la
logistique : bennes, tracteurs
et godets. «On peut
être autosuffisant car la
plupart de nos champs sont entourés
de haies qu’il faut entretenir.On
coupe lebois enhiver, puis ladéchiqueteuse
le transforme en plaquettes.
Sec ou encore vert, le bois
est placé dans un silo oùil s’échaufferanaturellementà60ou70degrés
pendant deux à trois mois, dégageant
une vapeur qui le fera redescendre
à 25 ou 30%d’humidité »,
précise SylvainDelacroix. Ce dernier
afait ses calculs :«Avecleprix
dumarchédesplaquettes,celanous
reviendrait à 4.800 euros et si l’on
compare au fuel, il nous faudrait
11.000 euros par an pour produire
lamême quantité de chaleur. Etant
donné que le bois est gratuit, le
retour sur investissement se fera en
sept ou huit ans. »
Cechauffagepropreetbonmarché
donne des idées à cet agriculteur
futé et écolo qui n’exclut pas,
unjour,desécherengrangelefoin
coupé plus tôt dans la saison alors
qu’il est habituellement récolté en
juin, au moment où l’ensoleillement
maximum assure un bon séchagemais
lui fait perdre une partie
des protéines.«Onneseraplus
obligé de compenser par des aliments
achetés, on gagnera en autonomie
et en qualité de foin. »
MONIQUE CLEMENS
La ferme des Chazeaux, sur
la commune de Gonsans,
élève vaches et escargots,
et s’est dotée d’une
chaudière bois-énergie
dont le réseau de chaleur
dessert bâtiments agricoles
et habitations.
DR
Le combustible « bois déchiqueté » est adapté aux exploitations agricoles.

Aucun commentaire: